interview

La journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2023  s’inscrit sous le thème de « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ».

A cette occasion, nous mettons à l’honneur Marie-Océane Weclawiak, Ingénieure ENSAIT promotion 2022 : ses projets en lien avec la recherche textile et le digital, ses moments de fierté en tant que femme ingénieure et ses messages de soutien pour les jeunes filles. 

Le textile et le digital : deux mondes qui matchent ensemble ? 

Je pense que le digital était fait pour rencontrer la recherche textile. Il est déjà amplement utilisé dans des domaines de précision comme l’aéronautique ou l’automobile. Il est impossible de réaliser un prototype supposé répondre au cahier des charges, le tester et reproduire l’opération jusqu’à ce que l’aile d’avion corresponde exactement aux attentes demandées. Néanmoins, il est nécessaire de le tester et des logiciels le permettent avec une très grande précision.

Dans le domaine de l’habillement, le digital et la recherche peuvent se marier dans le cadre de la recherche morphologique et plus particulièrement du patronage. Ces recherches permettent d’adapter les vêtements à tous les corps, ou simplement de visualiser le rendu d’un vêtement en ligne pour répondre à la croissance des achats sur internet.

Le projet que j’ai réalisé au GEMTEX est la continuité de mon PFE, il a été réalisé en collaboration avec l’entreprise SIGVARIS GROUP. L’objectif était de tester des dispositifs médicaux spécifiques sur des logiciels en prenant en compte tous les paramètres possibles. Il m’a donc fallu travailler sur les différentes morphologies et sur leurs évolutions possibles afin de les modéliser. 

Un moment qui t’a rendu fière en tant que femme ingénieure ?

Le moment qui m’a rendu le plus fière en tant que femme ingénieure est de pouvoir inspirer des personnes à voir plus haut et plus loin.

J’ai eu le plaisir de pouvoir aider une étudiante de l’ENSAIT dans le domaine de la création digitalisée de vêtements. Elle est arrivée avec un dessin, une idée et la volonté de le modeler sur le corps de son modèle. Nous l’avons dessiné directement sur le scanner du logiciel Design Concept 3D. Nous avons ajusté les détails et la forme en fonction de ce que nous avions.

Cette étudiante a défilé au Gala des Diplômés 2023. Ça m’a rendu fière de voir que la transmission des compétences que j’avais acquises dans le digital a permis à quelqu’un de concevoir une robe qu’elle avait imaginée et qui lui tenait à cœur.

Quel est, selon toi, le plus gros problème auquel les femmes de ton âge sont confrontées ?

Je pense qu’il y a malheureusement trop de problèmes auxquels les femmes de mon âge sont confrontés pour n’en choisir qu’un.

Le véritable problème, c’est qu’à la naissance un être humain sur deux est quasiment certains que ses droits et ses libertés fondamentales ne seront pas respectés, à un moment ou à un autre, parce qu’elle est une femme.

Un être humain sur deux n’aura pas le droit de disposer de son corps même dans des pays considérés comme des puissances mondiales libres. Un être humain sur deux n’aura pas le même salaire pour un travail égal. Un être humain sur deux ne sera pas traité de la même façon et n’aura pas les mêmes chances et opportunités.

Et le pire, c’est que certains n’y voient pas un problème mais plutôt une norme.

Quel message souhaiterais-tu transmettre aux jeunes filles qui visent une carrière dans le digital ?

Je vais répondre très simplement et cela s’applique à toutes les carrières possibles : “Vas-y”. Si on a envie de faire quelque chose, il faut le faire. Je n’étais clairement pas prédestiné au digital mais j’ai tenté ma chance et je fais partie des 33% des femmes travaillant dans ce domaine.

Le second message que je veux transmettre c’est : “Si tu le veux vraiment, persévère.

C’est comme tout dans la vie, on tombe, on se trompe, on se heurte à des murs; l’important c’est de se relever, d’apprendre de ses erreurs et de franchir les murs. J’ai commencé véritablement le digital en tentant de faire des mannequins paramétriques, au début ils ressemblaient plutôt à des bibliothèques exposées dans un musée d’art moderne qu’à un être humain, j’ai persévéré et j’ai réussi.