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Les femmes de l'ENSAIT pour un avenir durable

Portrait d'Anne Perwuelz, enseignant-chercheur à l'ENSAIT

La journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2022 s’inscrit sous le thème de « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable ».
Afin de témoigner notre reconnaissance aux femmes et filles du monde qui mènent l’offensive quant à l’adaptation et la réponse aux changements climatiques, l’ENSAIT met à l’honneur du 7 au 10 mars des femmes qui œuvrent en faveur de la construction d’un avenir durable pour tous.

Toutes ces femmes ont travaillé, ont été formées ou sont formées à l’ENSAIT. Elles dédient leurs projets à l’atténuation des effets nocifs de l’industrie textile sur notre environnement social, écologique et économique.

Nous souhaitons valoriser le parcours d’Anne Perwuelz, enseignant-chercheur à l’ENSAIT, pionnière du développement durable à l’ENSAIT, qui dédie sa carrière aux problématiques environnementales. 

Une prise de conscience née au début des années 1980

« J’ai toujours été sensible à l’environnement.

En 1980 après mon diplôme d’ingénieur Chimiste à l’ENSCB (Ecole Nationale Supérieure Chimie- Bordeaux) j’envisage une formation complémentaire sur le traitement des eaux. Finalement je choisis une thèse à l’INSA de Toulouse (Institut National des Sciences Appliquées).

A la fin des années 1980, j’étais ingénieur chez Rhône Poulenc, une grosse entreprise française de produits chimiques, quand éclate le scandale des phosphates dans les lessives (ce sont des agents anticalcaires). Je n’avais jamais pensé que laver mes vêtements pouvait générer de la pollution ! Je prends aussi conscience de la relation avec l’économie puisque Rhone Poulenc était un gros producteur de ces molécules. En tant que chimiste j’ai été formée aux risques associés à ces produits : explosions, toxicité,… et aux réactions chimiques dangereuses mais pas aux effets sur l’écosystéme. C’est aussi à cette période que la chimie est associée à la pollution.

 

Enfin, mes travaux de thèse et ma recherche sont orientés autour des surfaces. Une toute petite impureté si elle se met sur les surfaces peut générer de gros effets. Je suis donc très sensible à la présence de traces dans les matières. En textile, c’est très important puisque dans un textile il y a beaucoup de surfaces de fibres. En conséquence je peux aussi inclure ces questions environnementales dans ma recherche sur les procédés de traitement de surface.

En 1994 , je crée, pour l’ENSAIT, un cours sur les questions de pollution et de traitement des eaux en remplaçant un collègue professeur de chimie parti à la retraite. 

"Je suis fière de ces docteurs que j’ai accompagnés"

Je suis très fière d’avoir dirigé les recherches de « mes » doctorants. C’est une relation particulière. Pendant 3 ans , on recense et on analyse les travaux déjà réalisés. Ensuite on conçoit et on réalise des essais sur un thème. C’est souvent long et on éclaire parfois l’objet de nos recherches d’un œil nouveau. Et après 3 ans, on rassemble l’ensemble pour former un tout cohérent. Les soutenances de thèse (et d’HDR) sont des moments magiques de restitution des recherches. Même si je n’ai qu’un peu contribué, je suis fière de ces docteurs que j’ai accompagnés.

Pionnière du Développement Durable à l'ENSAIT

Au début des années 2000, tout était durable, il n’y avait pas de critères. Il me semblait essentiel d’avoir des outils pour mesurer  si des matières , des procédés, ou des actions sont durables.
J’ai introduit l’Analyse du Cycle de Vie qui est à la fois une manière d’évaluer l’impact environnemental d’un produit ou d’un service mais aussi une manière de penser la vie des objets. Il ne s’agit pas seulement de regarder l’impact de la création de matière mais aussi de leur transformation en objet, de leur utilisation, de leur recyclage et de leur fin de vie .

En enseignement, j’ai transformé un cours de chimie en cours de sensibilisation au développement durable avec des cours, des TD et un seul TP.  J’avais réservé aussi 3 créneaux pour des interventions de professionnels du domaine. Et puis en 2015 , j’ai transformé ce cours traditionnel en « séminaire de sensibilisation au développement durable et éthique ». Pendant 2 jours très denses les étudiants  sont focalisés sur ces questions, avec 4 ou 5 enseignants différents qui apportent leurs compétences croisées et des interventions de professionnels sur des questions clés lors de « pitchs ».

Lors de la réforme pédagogique en 2015 , avec Usha Massika et Christine Campagne, nous avons introduit un cours électif de 60 heures sur ce sujet .

Enfin, depuis 2020, nous mettons en place la chaire universitaire de la mode circulaire, la Chaire Tex&Care, co-fondée avec l’IAE de Lille , pour accompagner les transitions écologiques, économiques et sociales pour consommer et produire de façon soutenable dans le secteur du textile, de la mode et de l’habillement afin de prendre soin de la planète et de l’homme.